Le Trophée Matana

Matana est un mot porteur de sens, profondément ancré dans une dimension spirituelle et symbolique. Il évoque le don, le talent reçu, cette capacité unique confiée à chacun et appelée à être révélée et partagée. À travers Matana, le SLACE OI (Salon du Livre des Arts Chrétiens Évangéliques de l’Océan Indien), célébre les dons artistiques comme une richesse précieuse, une expression de vocation et de transmission, destinée à faire rayonner la créativité et à inspirer les autres.

Dans cet esprit est né le Trophée Matana, un concours de créativité dédié aux artistes exposants du SLACE OI. Ce concours a offert aux artistes une occasion de mettre en lumière leur don, de valoriser leur travail et de faire rayonner leur activité artistique et professionnelle.

À l’issue du concours, trois gagnants ont été récompensés, recevant pour plus de 1 500 € de lots, offerts grâce au précieux partenariat de ML Conceptions Digitales. Ces récompenses, pensées pour soutenir le développement professionnel des artistes, incluent notamment la création d’un site internet professionnel et la définition de l’identité visuelle de leur marque ou de leur entreprise.

 

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Honorer le talent des exposants

Plusieurs exposants ont présenté des œuvres riches et inspirantes : poésies, textes et histoires porteuses de sens. Parmi eux, trois femmes se sont particulièrement démarquées et ont chacune reçu un prix Matana distinct, tous liés à la conception visuelle professionnelle, afin de valoriser le travail accompli et celui qu’elles continueront de produire avec passion et créativité.

Le Trophée Matana demeure ainsi une véritable vitrine de talents, d’excellence et d’opportunités, témoignant de la richesse et de la diversité des arts chrétiens dans l’Océan Indien.

Au village « Division », les habitants ont toujours vécus seuls, sans famille et séparés les uns des autres. Ces villageois ne connaissent pas la communication, ils se suffisent à eux-mêmes. Par un beau matin une brise légère se lève transportant un nuage parfumé venu de « Solidarité », la contrée voisine. Ce nectar agréable, resté en suspension dans les airs, commence à transformer les Divisés. Nez-Fin, le premier à sentir ce doux parfum lui chatouiller les narines, interpelle Pied-De-Nez pour s’enquérir de cette odeur. Pied-De-Nez, très surpris et malin, lui réponds qu’il ne sent rien car il est enrhumé. Bouche-Cousue pouffe de rire et ouvre sa bouche pour prononcer des paroles qu’elle découvre douces et savoureuses. « Messieurs si votre nez vous permet de sentir la délicatesse de ce parfum, je suis la seule à pouvoir l’exprimer par des mots ».

Sourde-Oreille, soudain revigorée par cette brume parfumée, se joint au petit groupe pour entrer dans la conversation. Langue-Dans-Sa-Poche en sort promptement pour communiquer et être, elle aussi, de la partie. La discussion bat son plein, tout ce petit monde est métamorphosé, ces changements n’étant pas pour leur déplaire. Subitement, À-Bras-Le-Corps décrète qu’il est temps de commencer à se côtoyer. Sourcil-Froncé reste sceptique, trouvant un peu rapide ce revirement de situation, il craint qu’une fois le nuage évaporé toute cette effervescence retombe comme un soufflé. Casse-Cou, très optimiste et partisan du « qui ne tente rien n’a rien », a bien envie de profiter pleinement de ces moments insolites d’échanges.

Tous sont immédiatement rebaptisés : Bouche-Cousue en Bouche-Décousue, Langue-Dans-Sa-Poche devient Langue-Bien-Pendue, Sourde-Oreille en Oreille-Qui-Siffle. Les conversations vont bon train, toutes les langues se délient.

Malheureusement les désaccords commencent à apparaître aussi. Bouche-Décousue et Langue-Bien-Pendue déclarent qu’il ne faut plus se taire mais dire tout ce qu’on pense. Les Oreilles objectent en disant qu’il vaut mieux écouter que trop parler et tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir. Les Jambes pensent qu’il est plus sain de marcher en dirigeant ses pas dans de bonnes voies. Doigts-De-Fée et Coup-De-Main ajoutent qu’il est nécessaire de créer pour s’épanouir et laisser une trace de leur passage sur terre. Bras-Long, À-Bras-Le-Corps et Huile-De-Coude suggèrent qu’il est préférable d’agir tous ensemble pour être soudés et bâtir une société. Chacun met son grain de sel et apporte de l’eau au moulin dans la construction de ce début de communauté… Si bien qu’à la fin … ça ne rends plus rien.

Après un débat animé, on décide de nommer Tête-Sur-Les-Épaules comme chef, il en a la carrure, il pourra trancher entre les différents points de vue.

Au fil du temps on trouve que Tête-Sur-Les-Épaules manque d’humanité et de profondeur d’esprit. Avec lui comme dirigeant, Coeur-Sur-La-Main, Boule-Au-Ventre et Sage-Pensée sont oubliés, il trouve qu’ils leur font perdre du temps. La vérité est qu’il se sent incapable de les écouter et de les comprendre. Il désire garder le contrôle sur cette nouvelle société en faisant l’impasse sur les besoins de chacun. Par conséquent, le jour où Coeur-Sur-La-Main se met à récupérer tous les Ongles et Cheveux perdus, sans abri, retrouvés sur les bords des chemins, Tête-Sur-Les-Épaules commence à ne plus savoir où donner de la tête. Au même moment Boule-Au-Ventre se prend de compassion pour toutes les Larmes versées et Sage-Pensée philosophe sur la place publique. C’en est trop pour Tête-Sur-Les-Épaules, il se met à la perdre, à craquer, il tourne de l’oeil et démissionne de son poste de chef.

Les réflexions de Sage-Pensée ayant éveillé Âme-Spirituelle, celle-ci ressent comme un vide au plus profond d’elle-même, elle veut découvrir le sens de sa vie. On désigne alors Bon-État-d’Esprit comme maître penseur. Il donne de bons conseils, de bonnes morales mais n’a pas l’étoffe pour changer les situations.

Le jour où OEil-Pour-OEil se fait agresser par Coup-De-Poing, il en perd ses couleurs, ce qui lui vaut un oeil au beurre noir. Bon-État-d’Esprit lui dit d’aimer son ennemi et de lui pardonner. C’en est trop pour OEil-Pour-OEil, ça lui reste sur l’estomac, il ne peut pas pardonner, encore moins aimer celui qui lui a fait perdre la vue en couleur. Reconnaissant les limites de Bon-État-d’Esprit, il leur faut trouver à présent un être supérieur, un « dieu » en quelque sorte. Ils se créent donc le dieu Raison. Ce nouveau « dieu » les rassemble autour de grandes causes dans lesquelles ils s’engagent à corps perdu. Avec en tête de peloton Nombril-Du-Monde, Chevilles-Enflées et À-Bras- Le-Corps. Ses chargés de mission sont Coeur-Sur-La-Main pour les bonnes oeuvres et l’aide aux pauvres. Doigts- De-Fée dirige le ministère de l’art et de la culture, avec Voix-En-Or pour la chorale. Main-Verte est élue comme responsable de l’écologie.

C’était bien parti, ça a même failli marcher, mais au bout de quelques années les divergences revinrent. Le « dieu » Raison n’a plus raison, ils se divisent à nouveau. Plusieurs autres « dieux » apparaissent dont le « dieu » Mérite, le « dieu » Émotion, le « dieu » Orgueil et le « dieu » Laxisme. Au-Doigt-Et-à-l’OEil, OEil-Pour-OEil, Dent-Pour-Dent et Au-Pied-De-La-Lettre imposent alors une montagne de règles dictées par leur dieu Mérite. Chez les Méritistes tout marche à la baguette, comme sur des roulettes, aucun grain de sable ne doit entraver le bon fonctionnement.

Un événement historique se produit lorsque OEil-Pour-OEil croise Dent-Pour-Dent. Dès leur premier regard c’est le coup de foudre. OEil-Pour-OEil fait un clin d’oeil à Dent-Pour-Dent, qui lui répond par un grand sourire. Ils tombent amoureux, c’est une première chez les Divisés. On célèbre leur mariage en grandes pompes. Tout le monde se met sur son trente et un. Les yeux sont de velours, les cheveux coupés en quatre. De cette belle union naît une petite fille qu’ils appellent Joue-Tendue.

De leur côté Tête-Dans-Les-Étoiles, Papillons-Dans-Le-Ventre, Larme-à-l’OEil et Coeur-De-Guimauve exaltent leur « dieu » Émotion. Les Émotistes ressentent tout à fleur de peau, ils sont comme des éponges absorbant l’atmosphère ambiante. Très communicatifs, lorsqu’un des leurs pleure, tout le monde sanglote. S’il y en a un qui se tord de rire à rouler par terre, tous les autres le suivent.

Tête-Dans-Les-Étoiles et Papillons-Dans-Le-Ventre conçoivent ensemble de beaux projets pour explorer le ciel. Devenus de grands amis, on les aperçoit parfois planer dans les airs. Un jour on les a perdus, ils étaient montés trop haut et n’arrivaient plus à redescendre.

Épaules-Larges, Reins-Solides, Huile-De-Coude et Nombril-Du-Monde s’unissent, eux, pour être les plus forts avec leur « dieu » Orgueil. C’est une équipe de gagnants, ils sont les meilleurs dans tout, on les surnomme les « toutologues » car ils connaissent tout. Ils n’ont besoin de personne ils réussissent tout par leurs propres efforts. Un jour ils décident d’escalader la plus haute montagne de la région. Arrivés au sommet, ne pouvant pas monter plus haut, ils s’escaladent les uns sur les autres pour faire une pyramide vivante. Épaules-Larges glisse sur Huile- De-Coude et patatras… À vouloir faire mieux que bien, ils s’écroulent tous plus bas que terre. Le « dieu » Orgueil précédant leur chute.

Quant à la joyeuse bande de Poil-Dans-La-Main, Esprit-Libre, Doigts-De-Pied-En-Éventail et Bon-Estomac, ils se reposent sur leur « dieu » Laxisme. Chez les Laxistes c’est le club vacances, pas de stress, ils sont très tolérants, ouverts d’esprit. Ils interdisent d’interdire et même ça c’est toléré. Ils ne désirent que le bien de tous et veulent plaire à tout le monde. Leur porte, toujours grande ouverte, accueille tout le monde : Mensonge, Tricherie, Immoralité, Compromis. Ce qui fait qu’il n’y a plus de place pour les autres, obligés de rester dehors : Pureté, Vérité, Justice, Loyauté.

Au bout d’un moment, les Au bout d’un moment, les critiques et jugements commencent à fuser entre clans, chacun voulant imposer ses idées. Langue-Bien-Pendue se transforme en Langue-De-Vipère, Coeur-Sur-La-Main en Main-De-Fer, Nez-Fin en Coup-Dans-Le-Nez, Tête-Sur-Les épaules prend la grosse tête… Chacun se met à jeter dans l’étang du village les idées, les paroles et actions des autres qui ne leur conviennent pas ou qui sont meilleures que les leurs. Le niveau de l’eau de l’étang se met à baisser de jour en jour de façon inquiétante. Un vilain matin, l’étang est complètement asséché. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans tout le village. Jambes-À-Leur-Cou accourent pour voir, suivies de tous les habitants. Devant cette vision de désolation les cheveux se dressent sur les têtes et les gorges se nouent. S’il n’y a plus d’eau ils mourront de soif car l’eau c’est la vie. Par stupidité ils ont fini par boucher la seule source qui les alimentait, avec l’amas de déchets de toutes leurs discriminations et jalousies. Ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, c’est bien là la seule eau qu’il leur reste.

Loin de là, dans le village « Unité », Coeur-Brisé entend parler de la catastrophe qui s’abat sur les Divisés. Il est si triste qu’il part les aider. Il leur propose courageusement de les secourir en allant déboucher la source, au péril de sa vie. Il s’enfonce dans ce tas de détritus jusqu’à en être totalement recouvert, il est méconnaissable. Tous les habitants confus retiennent leur souffle en attendant le dénouement de cette opération.

Soudain la terre se met à trembler, un bruit énorme retentit comme une explosion. Coeur-Brisé est violemment projeté en l’air par l’arrivée de l’eau qui remplit instantanément l’étang. Tous les Divisés bondissent de joie, s’étreignent les uns les autres, ils sont sauvés. Aussitôt ils réalisent que Coeur-Brisé va mal, ils le voient avec effroi flotter sur l’eau. Sang-d’Encre est le premier à alerter tout le monde, Coeur-Brisé ne donne plus signe de vie, il s’est arrêté de battre. C’est la consternation générale. Larme-à-l’OEil se lamente en disant que c’est de leur faute s’il a cessé de battre, alors qu’il les a sauvés de la mort.

Il est aussitôt décidé d’aller chercher son père qui aura sûrement une solution pour refaire battre Coeur-Brisé. Quelques uns partent donc en délégation pour le village d’ « Unité » qui est à plus d’une journée de marche. Lorsqu’ils trouvent enfin le père de Coeur-Brisé ils le supplient de venir rapidement pour refaire battre le coeur de son fils qui s’est arrêté. Il les accompagne.

Sur le chemin du retour ils font sa connaissance. Il leur révèle qui Il est vraiment, Il s’appelle Amour. Même s’ils ne le connaissent pas ils comprennent que c’est Lui dont ils ont toujours eu besoin. Au village tout le monde est anéanti, ils en ont gros sur le coeur, en attendant impatiemment l’arrivée du père de Coeur-Brisé, qui est leur dernière lueur d’espoir.

Dès son arrivée, à peine s’approche-t-il de l’étang qu’on entend une palpitation et puis un battement. Coeur-Brisé est vivant, il s’est remis à battre !!! Ils sautent tous de joie, criant, pleurant de bonheur. Ils invitent le père et son fils à rester chez eux, car le soir approche.

Amour et son fils entrent dans leur maison pour demeurer chez eux.

Tous les membres se réunissent alors les uns contre les autres désirant n’avoir d’autre Dieu qu’Amour. C’est alors qu’Amour les réunis, les unis pour former d’eux un corps.

Terre d’unité née de la diversité, reflet du Royaume à venir.

Il était une fois un Royaume parfait, fondé sur la justice, la paix et l’amour. Le Roi y régnait dans la lumière, et Son peuple vivait dans la joie.

Mais un jour, le mensonge entra,
Et un mauvais roi divisa le royaume.
L’ordre devient confusion,
La beauté se couvre de poussière,
Et les enfants du vrai Roi deviennent des esclaves.

Pourtant, le Roi d’amour ne renonça pas. Il envoya des messagers, puis Son Fils unique, pour restaurer ce qui était perdu, et rappeler au monde que la restauration du Royaume s’approche.

Sur la croix, le Fils triompha,
Non par l’épée, mais par l’amour.
Il renversa les murs,
Et fit d’un peuple divisé un seul corps.

Maintenant, il n’y a aucune barrière quelconque :
« Il n’y a ni esclave ni libre;
Mais Christ [le Fils] est tout et en tous. »

Et voici que l’écho de ce Royaume résonne jusque sur notre île. Sur cette terre née du feu et de la mer, Où Dieu a semé les peuples du monde; Des Africains, des Indiens, des Chinois,
Des Malgaches et des Européens, Ils ont trouvé ici un même soleil, Un même souffle, une même espérance.

Le Royaume de La Réunion, c’est l’image terrestre d’une promesse céleste : celle d’un peuple nouveau, uni par l’amour du Roi. Non pas un peuple parfait, mais un peuple en marche vers la réconciliation.

Quand le Créateur règne dans les coeurs, les différences deviennent richesses, et la diversité chante l’unité.

Alors, sur cette île aux mille langues et mille prières, que chaque coeur devienne un autel vivant, que chaque main serve à bâtir le Royaume — ce Royaume de paix, où Christ le Fils, le Prince de la paix est tout, et vit en tous.

Sous le ciel étoilé, la ville s’illumine,
Kaléidoscope ardent où chaque vie s’anime.
Mais dans l’ombre se glisse un poison insidieux :
Le racisme divise, brisé l’accord précieux.
 
Dans le creuset des différences, rallumant l’alliance, 
Brisons les chaînes, dissipons la méfiance. 
La peau n’est qu’un voile, l’âme est clarté, 
Abattons les murs, embrassons l’humanité. 
 
Que nos cœurs soient pinceaux aux élans courageux, Traçant l’amour, effaçant les traits honteux.
Unis dans la diversité, portons la lumière, 
Chaque couleur s’élève et bâtit la prière. 
 
Extrait du livre de poésie : Danses de l’esprit– Poèmes et Haïkus évocateur.